Salle 6

Avertissement sur un mur de l’exposition « Pop Forever, Tom Wesselmann &… » (17 octobre 2024 au 24 février 2025) à la Fondation Louis Vuitton.

« Voilà le paradoxe épouvantable de toutes restrictions, avertissements et autres censures investissant la création pour mieux la brimer ou lui rattacher une dimension morale, voire juridique et l’éloigner le plus possible de celle poétique de Tom Wesselmann dans le cas présent, par exemple. Non seulement, cet avertissement (à l’instar de la censure) souligne le caractère sexuel des œuvres à venir dans la pièce d’à côté (transformée en « chambre » grâce à ce panneau), mais traduit de l’esprit mal placé du « commissaire » (ou quiconque à l’origine de cette inscription hypocritement bienveillante) qui, de surcroît, se place au-dessus de nous pour savoir ce qui est moral ou ne l’est pas, et empêche tout choc esthétique à l’enfant, à l’adolescent ou à l’adulte lui suggérant de regarder les œuvres suivantes sous le prisme du voyeurisme, voire de la prédation, ici (enfin!?) sournoisement tolérée. Ce type de réglementation morale et juridique réduit ainsi l’artiste au grivois, voire à la prédation sexuelle. Et mélange le réel (le véritable corps féminin du modèle) à la fiction (sa représentation). Comme disait Félicien Rops, et que nous appliquerons à tous ces fonctionnaires zélés à l’origine de ces signalétiques aberrantes, « il n’y a rien de plus obscènes que les gens chastes ». Nous avons choisi de traiter ironiquement ce cartel comme une œuvre en soi dans la mesure où elle interagit, pour ne pas dire elle parasite l’exposition en cours à force de vouloir mettre de la morale là où il n’y en a pas. » (D.W.)

Lausanne. 2025
Lausanne. 2025