Salle 7

« Schwarze Sonne de Otto Piene (1928-2014).
1962-1963
Fumée et charbon sur toile
Wijnegem, Axel & May Vervoordt Foundation
Né en Allemagne en 1928, Otto Piene est l’un des membres fondateurs du groupe Zero. Piene débute son travail sur les matières du feu au début des années 1960. Ce soleil noir – au lendemain du traumatisme de l’entrée dans l’ère nucléaire – est réalisé par combustion. Piene trace d’abord sur sa toile un cercle à la laque, solvant particulièrement inflammable, et y met feu. Les flammes laissent ainsi l’empreinte de leur propre chorégraphie et dessinent un cercle indécis et vibrant, aux confins de la destruction et de la survie. » (Cartel de l’œuvre dans le cadre de l’exposition « Dans le flou » au musée de l’Orangerie, Paris, 2025)
« Polvere (1998) de Claudio Parmiggiani (né en 1943).
Fumée et suie sur panneau
Dijon, Collection Frac Bourgogne
Le travail de Parmiggiani s’inscrit dans la lignée de l’Arte Povera, mouvement italien des années 1960 dont les moyens de création s’opposent à la logique productiviste de la société de consommation. En créant un feu contrôlé, l’artiste laisse ici se former une fine pellicule de suie sur les étagères de sa bibliothèque recouverte d’ouvrages. Une fois le mobilier enlevé, se dessine en négatif une empreinte aux contours vaporeux. « Il ne restait que les ombres des choses, presque les ectoplasmes de formes disparues, évanouies, comme les ombres des corps humains vaporisés sur les murs d’Hiroshima. » » (Cartel de l’œuvre dans le cadre de l’exposition « Dans le flou » au musée de l’Orangerie, Paris, 2025)
« Je cherche des images suffisamment imprécises pour qu’elles soient les plus communes possibles, des images floues sur lesquelles le spectateur peut broder. » (Christian Boltanski, Entretien avec Delphine Renard, 1984).
« Ecole de Grosse Hamburgerstrasse (Les enfants cachés, 2005) de Christian Boltanski (1944-2021)
Huile sur tirage argentique noir et blanc.
Artiste plasticien français né en 1944 d’un père juif ayant échappé à la déportation, Christian Boltanski questionne la mémoire individuelle et collective en exploitant la dimension funèbre propre à la photographie : « Dans toute photographie, ce qui est photographié est un spectre : il y a du mort. » (Roland Barthes)
Dans ses livres comme dans cette oeuvre, Boltanski recourt à des portraits anonymes flous obtenus souvent par reproduction de reproduction. Ce procédé brouille l’identité des sujets et renvoie l’image universelle d’une humanité dans laquelle chacun peut se reconnaître. Dans ses livres, les images d’archives évoquant la Shoah sont utilisées sans légendes, et présentées dans un ordre aléatoire. Il est dès lors impossible pour le regardeur de distinguer victimes et criminels, à l’image de ce que Primo Levi nomme « la zone grise », cette « zone indéterminée entre le bien et le mal. » » (Cartel de l’œuvre dans le cadre de l’exposition « Dans le flou » au musée de l’Orangerie, Paris, 2025)
« Métamorphose I (2011) de Philippe Cognée (né en 1957)
Peinture à la cire sur toile
Paris, Collection particulière.
La technique singulière de Philippe Cognée consiste à reproduire des images photographiques en utilisant une peinture encaustique de pigments mêlés à de la cire d’abeille. La cire est ensuite fondue par endroits à l’aide d’un fer à repasser, les formes se dissolvent et l’image se floute, laissant apparaître le motif initial dans une morphologie nouvelle et trouble. Le sujet – souvent banal – bascule alors vers une autre représentation qui se dote d’une dimension tragique. Appartenant à une série plus large consacrée aux architectures contemporaines, Métamorphose I propose une vision précaire de nos environnements urbains surpeuplés. Image métaphorique d’un monde au bord de l’effondrement. » (Cartel de l’œuvre dans le cadre de l’exposition « Dans le flou » au musée de l’Orangerie, Paris, 2025)
« Service Covid-19, Hôpital Bagatelle, Bordeaux, mai 2020 » / « Gare de Lyon, Paris, 17 mars 2020  » de Antoine d’Agata (né en 1961)
[Hôpital Bagatelle à Bordeaux, salle de réanimation (avril 2020) : Image reproduite ci-dessus]
Série virus, 2020
Impression jet d’encre pigmentaire sur papier Hahnemühle. 
Paris fonds d’art contemporain – Paris Collections.
Pendant le confinement, Antoine d’Agata réalise deux séries de photographies à la caméra thermique, dans les rues et à l’hôpital. Il s’approprie ainsi une technologie de surveillance et de reconnaissance conçue à des fins scientifiques et militaires. Ces photographies d’un nouveau genre témoignent de la solitude forcée par l’interdiction des contacts physiques, mais aussi du soin porté aux personnes hospitalisées pendant cette période. il en résulte des images aux contours flous, presque brûlés. Les traits des visages sont comme avalés par la lumière émanant des radiations infrarouges. Les corps s’en trouvent tout à la fois anonymisés et sublimés. » (Cartel de l’œuvre dans le cadre de l’exposition « Dans le flou » au musée de l’Orangerie, Paris, 2025)